C’est à une saga que nous invite le château d’Ormesson, celle de ses constructeurs et de la famille qui lui a donné son nom, mais aussi celle de l’évolution du goût.
Dissimulée au bout de son allée de grands arbres, la demeure ne se révèle pas facilement. Il faut l’approcher pour découvrir qu’il s’agit d’une « maison narcisse » qui aime à refléter ses façades sur son miroir d’eau. Il faut la contourner pour comprendre qu’elle fut élevée en deux temps. De brique et pierre, le corps de logis principal et ses deux pavillons posés sur trompe fut peut-être construit à la demande du cardinal René de Birague qui posséda la seigneurie entre 1578 et 1583 et sollicita probablement à cette occasion Baptiste Androuet du Cerceau, le fils du célèbre architecte Jacques Androuet du Cerceau. Avec ses lignes classiques, son toit à la Mansart et son fronton triangulaire, le bâtiment adossé au sud en 1759-1760 pour le premier marquis d’Ormesson, Marie François de Paule, est l’œuvre d’Antoine Matthieu Le Carpentier, l’un des architectes les plus en vogue de son temps. À l’intérieur, l’homme remodela les appartements qui avaient été déjà mis au goût du jour au début du XVIIIe siècle. Tout y est demeuré tel que la famille d’Ormesson, grands serviteurs de l’état, l’avait désiré, entre le caractère enjoué des créations de la Régence et la noble élégance du premier néo-classicisme, mais sans désir d’ostentation afin de répondre parfaitement au caractère des générations qui se sont succédées au sein de la demeure. Denis Diderot voyait en d’Ormesson un « flacon dans un seau à glace ». Il faut aujourd’hui y reconnaître, posé au milieu de son parc à vertugadin et dominant son canal, l’une des plus belles maisons privées préservées aux abords de Paris et qui pour la première fois se livre.